En France, le suicide devient la cause principale de décès maternel
Selon une récente étude de l'Inserm, les maladies cardiovasculaires et le suicide représentent respectivement 15% et 17% des décès chez les jeunes mères. Comment peut-on inverser cette tendance alarmante?
Tl;dr
- 272 morts maternelles ont été enregistrées en France entre 2016 et 2018.
- La principale cause de ces décès est le suicide.
- Le risque de mortalité maternelle varie en fonction de l’âge, du niveau de vie et du lieu d’habitation.
- 60% des décès pourraient être évités par un meilleur accompagnement des femmes.
Une augmentation alarmante des décès maternels
Entre 2016 et 2018, l’INSERM et Santé Publique France ont recensé 272 morts maternelles sur le sol français, soit l’équivalent d’une jeune mère décédée tous les quatre jours, un constat effroyable rendu public lors de la 7ème Enquête Nationale Confidentielle sur les Morts Maternelles.
Le suicide, première cause de mortalité
Ces décès ne sont pas majoritairement dus à des complications physiques ; au contraire, ce sont souvent des problèmes de santé mentale qui émergent. Le suicide représente 17% des décès, surpassant les maladies cardiovasculaires, qui ne concernent que 15% des femmes touchées. “Le suicide maternel et autres causes psychiatriques de décès s’affirment comme la première cause de mortalité maternelle considérée jusqu’à un an” après la naissance, stipule l’étude.
La nouvelle étude @Inserm et @SantePubliqueFr « les #morts maternelles en France 2016-2018 » est en ligne
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Lien vers la synthèse : https://t.co/m4UNvSAjxc
— Inserm (@Inserm) April 3, 2024
Des différences de risques de mortalité maternelle
Le risque de mortalité maternelle n’est cependant pas homogène. Il augmente de manière significative à partir de l’âge de 35 ans. Cette mortalité est deux fois plus élevée chez les femmes migrantes que chez celles nées en France.
Les femmes socialement vulnérables sont 1,5 fois plus représentées. Les résidentes des départements d’Outre-mer encourent un risque deux fois supérieur comparé à celles de l’Hexagone.
Des leviers d’action pour réduire la mortalité
Par ailleurs, il est important de souligner que 60% de ces décès maternels pourraient être évités grâce à un meilleur accompagnement des femmes. Il est nécessaire que tous les professionnels de santé impliqués dans le suivi de la grossesse et du post-partum soient informés et aptes à détecter des signes de mal-être mental après l’accouchement. Le dépistage de la dépression périnatale, dont la prévalence s’établissait à 16,7% en 2021 en France, est une priorité.
Il faut également que le grand public, l’entourage des femmes enceintes et elles-mêmes soient sensibilisés à cette problématique. Élise Marcende, présidente de l’association Maman Blue, conclut : « il ne s’agit pas de situations anecdotiques. […] Grâce à ce nouveau rapport, nous avons la chance de pouvoir agir, car les facteurs d’évitabilité sont nombreux ».